Du pantin servile

02/11/2020

   Vendredi 30 octobre 2020, 00h00. Re-confinement. Voici le grand retour de l'arrêt imposé du temps et de ses activités, dans un monde qui file à 100 km/h. Sans dire ni gémir, enfiler un costume de pantin prêt à obéir alors que seule la colère nous envahit.

   On nous demande d'obtempérer sans ne pouvoir rien dire, ni faire ? Et le peuple français, lui le peuple de révoltés, se réveillera-t-il un jour ?

   Autant de questions et interrogations soulevées illustrant une si légitime ébullition en nous... à laquelle nous avons le choix de céder, ou non. La philosophie est pour cela un bon guide. Comment doit-on vivre ? Socrate répond à cette question en disant que « l'important n'est pas de vivre, mais de vivre bien ». Il redonne alors l'importance de la qualité de vie qui donne toute sa saveur au temps. Et quelle qualité de vie ! - me répondrez-vous à juste titre. De nombreuses libertés nous sont retirées : libertés extérieures à nous-mêmes et sur lesquelles nous n'avons aucun contrôle. Pourtant considérons les libertés de notre for intérieur, qui, elles, ne nous seront jamais prises.

Jamais personne ne vous enlèvera votre joie, votre amour, votre paix, sinon vous.

Jamais personne ne vous enlèvera votre espérance ni votre Foi, sinon vous.

   Ce n'est qu'en livrant sa Liberté qu'on vacille et que l'on devient un pantin servile qui n'attend qu'être agité. « Jamais nous n'avons été plus libres que sous l'occupation allemande », a même écrit Jean-Paul Sartre. L'acceptation et le libre choix de prendre le réel en main sont la clef pour vivre bien.

    Comment accepter une telle situation ? Comment apprendre le lâcher-prise et l'abandon sans s'oublier pour autant ?

   L'acceptation est l'admission paisible d'un état comme celui étant le réel. Elle n'est pas synonyme d'impassibilité ou de relativisme. Elle est avant tout le fruit d'une prise de recul sur les évènements, et manifeste la sagesse de la maitrise de soi. A son contraire, installer librement une colère en soi est signe de soumission servile à ses passions et révèle l'obsession orgueilleuse de la maîtrise du temps et de ses aléas. Apprenons toujours à nous réjouir pour ce qui a été donné gratuitement et pleinement vécu, pour accueillir la réalité telle qu'elle est. Il est inscrit dans le Livre de Job : « L'Eternel a donné, et l'Eternel a ôté ; que le nom de l'Eternel soit béni ! » Job I, 21. Cette parole de la Bible enseigne quelle force détient celui qui s'abandonne.

   Accepter n'est pas s'oublier ! Trop « facile » de tout relativiser, comme dans un élan de déni et de tout envoyer promener, ce n'est pas là que la difficulté se situe, car cela signifierait que l'on ne pense plus, que l'on aime plus, que l'on ne s'investit plus pour les causes qui nous sont chères. Bazarder ses valeurs en tirant un trait dessus n'est même pas envisageable, car ce sont elles qui seront le moteur de cet exercice périlleux qu'est l'acceptation. Il s'agit en réalité de bien situer le combat où il se trouve, sachant qu'en matière de lâcher-prise il n'est qu'en soi.

   Accepter n'est pas rester immobile en attendant que le temps passe. C'est revoir les priorités et tirer le meilleur de la situation qui est donnée de vivre. Le peuple français n'a jamais été mou ni endormi, c'est d'ailleurs ce qui l'en différencie de ses voisins. Agissons de manière ciblée, dans la douceur et l'attention, dans l'essentiel et la justesse.


« Mon Dieu, donnez-moi la sérénité d'accepter ce que je ne peux changer, le courage de changer les choses que je peux changer, et la sagesse d'en connaître la différence ». 

Prière de la sérénité, Marc-Aurèle

Crédits photo : Hervé de Chalendar 

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